Dans un contexte géopolitique dégradé, comment évolue le trade finance ?
Les entreprises importatrices et exportatrices ont plus que jamais le réflexe de sécuriser leurs transactions. Elles tendent aussi à demander un allongement des délais de crédit. De leur côté, les banques sont amenées à réévaluer les risques. Même si, aujourd’hui, elles sont plus difficiles, les transactions continuent à passer. Et le trade finance joue pleinement son rôle de facilitateur du commerce international. D’ailleurs, contre toute attente, les échanges de biens devraient progresser un peu en 2023, avec une zone Asie très active.
Observez-vous un dérapage des défauts ?
On est dans un métier où l’on connaît bien nos clients, on sait ce qu’on finance et on le finance à court terme. Le résultat est que les taux de défaut des produits restent très faibles : 0,01 % pour les crédits documentaires et 0,1 % pour les garanties. Mais cela n’a pas empêché le durcissement de l’environnement réglementaire avec de nouvelles exigences prudentielles, des dispositifs de contrôle de conformité renforcés ou encore des standards internationaux plus exigeants en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme... Bien sûr, ces évolutions ne sont pas neutres sur l’exercice du métier et sur son économie.
Quel est le principal défi aujourd’hui ?
À côté des pressions pour développer des pratiques climato-compatibles, il y a, de la part de l’écosystème, une forte demande de digitalisation des transactions. Basé sur une importante documentation, le trade finance est une activité encore très papivore avec un important traitement manuel des opérations. La digitalisation est l’un des enjeux majeurs avec, au préalable, le développement d’une interopérabilité des systèmes informatiques et une harmonisation des cadres juridiques, à commencer par la transposition en droit français de la Model Law on Electronic Tranferable Record (MLETR).
