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Guerre Russie/Ukraine

Les sanctions financières pleuvent sur Moscou

Créé le

18.03.2022

Face à l’invasion des troupes russes en Ukraine depuis le 24 février dernier, la scène internationale a pris toute une série de sanctions vis-à-vis de la Russie. Elle a notamment coupé les flux financiers de l’État et de ses ressortissants. En retour, l’Occident se prépare à la cyberguerre.

Le 26 février dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a annoncé que l’Union européenne allait exclure plusieurs banques russes du système de messagerie sur les transactions financières SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), en coordination avec les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada. Depuis, le Japon et la Corée du Sud ont annoncé leur intention d’en faire autant. Qualifiée d'« arme nucléaire financière » par le ministre de l’Économie et de Finances français, Bruno Le Maire, cette sanction a bel et bien été mise en œuvre. Elle pourrait d'ailleurs déclencher des représailles numériques de la part de Moscou (voir encadré). Elle ne concerne toutefois que sept des principales banques russes (VTB, Bank Otkritie, Novikombank, Promsvyazbank, Rossiya Bank, Sovcombank et VEB). À l’heure où nous écrivons ces lignes, les banques liées aux échanges énergétiques entre l’Europe et la Russie sont épargnées.

Quelles alternatives à SWIFT ?

En dépit des affirmations ministérielles, il reste très difficile de déterminer l’ampleur d’une telle sanction. La Russie s’appuie certes sur SWIFT pour ses paiements internationaux, notamment pour ses exportations énergétiques, qui représentent près du tiers de ses revenus. Mais ce n’est pas la seule messagerie sécurisée interbancaire à sa disposition. La Russie pourrait ainsi se rapprocher du CIPS (China International Payment System) créé par la Chine en 2015 pour ses échanges et paiements transfrontaliers en yuan. Ou utiliser son propre système, SPFS , développé par la banque centrale russe lorsque la Fédération avait déjà été menacée de se retrouver coupée de SWIFT en 2014 après son annexion de la Crimée. À la fin de l’année 2020, quatre cents utilisateurs et vingt-trois banques d’Arménie, Biélorussie, Allemagne, Kazakhstan, Kirgizstan et Suisse étaient connectés à SPFS. Cela représentait 15 % du flux financier de la Russie.

Les cartes bancaires sont aussi concernées

En plus de SWIFT, les réseaux émetteurs de cartes américains Visa, MasterCard et American Express ont aussi annoncé avoir coupé leurs réseaux en Russie. Concrètement, les cartes de ces réseaux émises hors de Russie ne fonctionnent plus sur le territoire de la fédération, et les cartes de ces réseaux émises en Russie ne fonctionnent plus pour les transactions à l’international. Y compris pour les paiements sur Internet. Selon le Nilson Report, une publication spécialisée sur les paiements, 74 % des transactions de paiements en Russie s’effectuaient en 2020 avec une carte aux couleurs d’un de ces trois réseaux. Les cartes russes ne peuvent pour l’instant utiliser que le réseau national MIR. Les cartes MIR peuvent être utilisées en Russie bien sûr, mais aussi en Turquie, au Vietnam, en Arménie, en Biélorussie, au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan et dans les territoires séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. Certaines banques (Sberbank, Alpha Bank, Tinkoff et la branche russe de l’autrichien Raiffeisen) réfléchissent à émettre des cartes sur le réseau chinois Union Pay pour contourner ce blocage.

Puisque les réseaux liés aux cartes ont cessé de fonctionner, les opérateurs alternatifs que sont Apple Pay, Google Pay ou Paypal (qui s’appuient principalement soit sur la carte bancaire soit sur un compte bancaire) ont aussi annoncé avoir cessé leurs activités depuis et vers la Russie. Et certaines plateformes de cryptomonnaies comme DMarket, spécialisée dans l’échange de NFT et d’objets in-game, ont annoncé geler les avoirs de leurs utilisateurs russes et biélorusses.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº867