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Investissement

Coronavirus, confinement, crise économique : et les placements ?

Créé le

24.03.2020

Les Bourses ont baissé brutalement et il semble évident que les marchés immobiliers vont se gripper. Même l’or a baissé depuis l’entrée en crise ! Quels conseils peut-on donner à ses clients ?

Les grandes crises frappent sans prévenir. Après coup, on mesure que tout était prêt pour qu’un problème surgisse. C’est le paradoxe du temps : avant, il est difficile de deviner l’avenir ; après, on comprend comment les choses se sont produites. Et l’on peut alors avoir l’illusion que, finalement, ce qui est arrivé était logique. Alors que tout aurait pu être différent !

Une erreur de raisonnement

Le risque majeur dans la période actuelle – je vais en rester au sujet des placements – est d’oublier que l’avenir est à chaque instant inconnu. Comme nous n’aimons pas l’incertitude, nous nous raccrochons à ce qui vient de se passer, et nous raisonnons à partir de là.

C’est bien ce qui est en train de se passer en ce moment. Dans les médias, sur les sites de conseils en placements, on commente l’actualité :

– Le président de la République a annoncé des suspensions de loyers pour les entreprises ? Les revenus des SCPI vont baisser. Ceux des OPCI aussi. Et bien sûr les dividendes des foncières cotées en Bourse, les SIIC. Donc attention à ces placements !

– Comme il y a confinement, les transactions sur le marché du logement vont se ralentir. Or il y a un lien direct entre le niveau des transactions et celui des prix. Donc les prix du logement vont baisser. Donc attention au logement !

Et voilà : la logique tourne rondement, comme il faut. Cela permet des analyses parfois intéressantes. Mais à quoi sert-il d’être intelligent aujourd’hui, alors que c’est dans quelques années que l’on mesurera les résultats des décisions prises ?

Accepter l’inconnu

Avec l’épidémie du coronavirus, nous sommes dans une crise inédite.

C’est la première fois que les Bourses perdent près de 40 % en un mois à peine. Au cours des deux chocs précédents (2001, éclatement de la bulle internet et attentats du 11 septembre ; 2008, crise des subprime et faillite de Lehmann Brothers), il avait fallu près de deux ans. Même lors de la grande crise de 1929, il avait fallu trois ans.

C’est la première fois que le temps s’arrête à l’échelle monsiale : interruption des transports aériens, confinements de vastes parties de la population, arrêt pur et simple de nombreuses activités… Cela veut dire qu’il y a beaucoup d’inconnues. Certes, il est raisonnable de penser que l’économie s’en remettra. La mobilisation des gouvernements et des banques centrales, la conscience partagée d’un enjeu global sont des facteurs de confiance dans la résolution de la crise.

Mais qui peut dire à quoi ressemblera exactement la sortie de crise ? Quels secteurs souffriront de façon durable et quels autres bénéficieront insolemment de l’après-crise ? Les taux d’intérêt, que l’on imagine toujours plus faibles, sont-ils destinés à le rester longtemps ? Y aura-t-il de l’inflation ? Une croissance molle ou rapide ? Et que fera l’emploi ?

Plutôt que de regarder le monde d’aujourd’hui qui sera bientôt celui d’hier, acceptons l’inconnu, et réfléchissons à partir de là.

Au cœur de l’économie

Oui, le monde continuera. Le redémarrage de l’activité, la réparation des dégâts causés par l’interruption, les nouvelles orientations suite à cette expérience, tout se fera par les entreprises. L’immobilier d’entreprise restera un support indispensable.

Le logement devra bien être à la mesure de la démographie et de ses évolutions.

L’expression de « placements long terme » prend tout son sens dans les circonstances actuelles.

La Bourse ? Difficile de savoir si sa dépression durera quelques mois ou quelques années, mais elle repartira, car elle vit au rythme des entreprises.

Les SCPI, OPCI et SIIC ? Elles assurent le métabolisme immobilier des entreprises ; dans quelques années on découvrira qu’elles ont finalement bien traversé la tempête.

Le marché du logement ? Il reprendra son cours.

Timing

Aujourd’hui, trop d’inconnues se présentent. Ce n’est pas le moment de prendre des décisions. Commençons donc par ne pas commettre d’erreur.

Vendre aujourd’hui ? Pourquoi et pour faire quoi ? Il est parfois plus sage de dire qu’on ne sait pas ; il est parfois plus sage aussi de ne rien faire.

Quand nous aurons passé le pic de l’épidémie et quand les mesures de confinement commenceront à être levées dans la plupart des pays, bien des rideaux se seront levés sur la façon dont le monde se réveillera. Il sera bien temps, alors, de considérer le nouveau paysage et de s’y adapter.

 

Guy Marty est le fondateur et directeur de PierrePapier.fr .

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº843
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